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Vous avez la carte sonore ? article LR La Hune

11 Mars 2020

 « Vous auriez la carte sonore, s’il vous plaît ? »

 

Deux restaurants de La Rochelle proposent des cartes sonores pour leurs clients déficients visuels. Une initiative de la jeune Chambre économique, relayée par le comité Valentin Haüy, qui ne demande qu’à se généraliser. Présentation.

Photo des paricipants

Anne-Gaël Tardieu-Boissière, vice-présidente du comité départemental Valentin Hui, Didier Boisseau, référent « carte sonore », Alain Déchazeaux, bénévole au comité et Claude Kerfers, gérant du restaurant le Manzio.

 

Se rendre au restaurant pour un déficient visuel relève souvent du parcours du combattant, tant l’accessibilité, surtout dans le centre historique d’une ville comme La Rochelle, reste compliquée et semée d’embûches. Lorsqu’il y parvient, un autre problème se pose : le choix de la commande.

D’où l’idée de proposer aux malvoyants une carte sonore qui propose le même contenu que la carte classique. Tout est parti de la jeune Chambre économique de Saint-Omer (Manche), qui a initié ce projet avant qu’il ne soit repris, en 2018, par celle de La Rochelle. Le rôle d’une jeune Chambre est de mettre ce type de projet sur les rails, puis, au bout de de deux ans, de passer la main à une association chargée de le pérenniser. A la Rochelle, l’association Valentin Haüy, qui milite pour l’accompagnement des déficients visuels, était l’interlocuteur idoine. « Quand on est malvoyant, le plus horrible est d’être dépendant des autres. Grâce à cette carte sonore, je peux gérer mon truc tout seul », se félicite Anne-Gaël TardieuBoissière, vice-présidente du comité départemental Valentin Haüy. Quand elle découvre l’outil, la jeune femme y apporte sa touche personnelle, persuadée qu’elle peut le rendre encore plus intuitif et plus pratique pour les déficients visuels. « Au départ, il y avait l’ensemble de la carte sur la même plage audio. J’ai décidé de la scinder sur plusieurs plages afin d’avoir un accès plus rapide et pratique ». Discret… comme un téléphone Le dictaphone, dont le relief des trois boutons (marche, avance, retour) est rehaussé de grosses pastilles tactiles, diffuse sur sa première plage les informations générales du restaurant (horaires, menus etc) puis le sommaire sur la seconde indiquant les différentes parties de la carte telles que les menus du soir, les menus du midi, les boissons chaudes, les viandes, les poissons ou les pizzas. « Avec le bouton de droite, je peux me rendre directement à la plage qui m’intéresse, sans avoir à écouter l’intégralité de la carte, avec un fonctionnement très intuitif proche de celui d’un magnétoscope », explique Anne-Gaël Tardieu-Boissière. Le restaurant le Manzio, aux Minimes, déjà irréprochable en matière d’accessibilité (rampe d’accès notamment), se montre immédiatement intéressé par cette carte sonore. « Nous avons toujours été disponibles pour accompagner les personnes en situation de handicap, mais c’est toujours compliqué pour un serveur, surtout en plein service, de décrire toute la carte » témoigne Claude Kerfers, gérant de l’établissement. Et lorsqu’il est accompagné, le malvoyant n’ose pas déranger ceux qui partagent sa table, faisant souvent un choix par défaut. Certains cachent même leur handicap, ne voulant pas être considérés comme « différents ». « C’est l’avantage du dictaphone qui est très discret et ressemble à un téléphone », commente Anne-Gaël Tardieu-Boissière. Comme la crêperie des Halles, autre établissement rochelais à proposer une carte sonore1, Claude Kerfers a acquis pour une cinquantaine d’euros un dictaphone, avant d’être accompagné par les bénévoles du comité Valentin Haüy pour enregistrer la carte, ce qui prend une demi-journée. « Il y a beaucoup de restaurateurs qui seraient intéressés, mais il faudrait qu’ils sachent que ça existe. S’ils veulent venir le tester chez nous, nous les accueillerons sans problème », explique le patron du Manzio. Pour accélérer la mise en place des cartes sonores, Didier Boisseau, référent « carte sonore » au comité Valentin Haüy, se met à rêver que Christopher Coutanceau, tout récent chef 3 étoiles au guide Michelin, l’adopte, ce qui serait un coup de projecteur formidable sur ce dispositif. Au-delà du confort pour les handicapés, les restaurants ont tout à y gagner en matière de clientèle et d’image, surtout dans un contexte où la responsabilité sociale des entreprises (RSE) est un sujet au cœur du débat public. Mathieu Delagarde (1) Un troisième, Le Soleil brille pour tout le monde, est intéressé par le dispositif.